Au bal des pendus – Georges BOUKOFF -2022 – Ed. L’harmattan

Quatrième de couverture

Au bal des pendus est le récit épique du XXe siècle incarné par des personnages qui ont vécu ses guerres, ses révolutions etc. Le narrateur réveille les fantômes de la mémoire collective. Il invente le théâtre d’une odyssée où défilent les protagonistes de son quotidien autant que les grands créateurs de son époque. Cette fresque littéraire est conçue telle une partition d’orchestre. On passe du drame au rire rabelaisien, du monologue intérieur à la commedia dell’arte, du requiem à la danse dionysiaque. Au bout de cette épopée, c’est une vision de l’Histoire qui s’impose. Georges Boukoff en fait un spectacle mythologique et surnaturel, à l’image des poètes de la Renaissance qui mêlaient le réalisme au fantastique.

Mon Avis

L’art d’écrire… De la prose. De la poésie. Du théâtre. L’amour des mots. Le jeu des mots. Il faut les lire. Les goûter. Les digérer. Merveilleusement. Ce livre est un roman. Une pièce de théâtre. L’acteur est seul et unique. Il est plusieurs dans son unicité et jongle avec chaque mot posé, précieusement, sur la page blanche. Je ne veux pas parler d’auteur, mais de conteur. Qui raconte, anime de ses mots, des faits, des êtres, des souvenirs. Chacun se gave, se nourrit de ces récits. Les sourires naissent ainsi que les complicités. Un chef d’œuvre. Que dis-je? Un régal. L’auteur-conteur nous raconte des histoires. Ses histoires. D’une manière truculente. Avec gourmandise.

À travers ces mots, nous entendons la Traviata, Carmen, etc. Des opéras. Qui nous décrivent une vie en dentelle. Tricotée à travers le temps par des mots musicaux. Ou a capella. L’auteur fait danser les mots dans une ritournelle de souvenirs blasés. De souvenirs contés avec humour. Ce roman est écrit comme une opéra. Avec des scènes, des histoires, des rythmes : lento, allegro… Le ténor est le narrateur. Il respecte le rythme annoncé. J’ai comme une petite envie de revoir Aïda, mais, cette fois, à l’opéra, avec le décor suranné qui est un spectacle en soi. D’ailleurs, au fil de la lecture, le narrateur se fait acteur de cet opéra créé pour lui. Il parle de positionnement. De maquillage.

De l’opéra. Des récits. Des rythmes. Des mots musicaux rythment la lecture. Tel est ce roman surprenants. C’est une lecture ivresse. Une lecture voyage. Entre le présent et le passé. À capella, allegro ou precipitato. Au fur et à mesure des chapitres, des pages. Emportant l’humain, ses rêves, ses forces, ses faiblesses, ses peurs. Emportant la vie et sa ronde de questions comme cela se fait à la fin d’une récréation. Du bonheur, du malheur. Plutôt des épreuves, de l’humour. C’est de la poésie. C’est de la tendresse. C’est un vieux film, en noir et blanc, accompagné d’une musique unique. Des sentiments forts. C’est une promenade dans le début du XXème siècle où la grande histoire est brodée de la petite. Pour notre plus grand bonheur. Des vies qui se diluent lentement mais sûrement dans le tsunami du 21e siècle.

9782343248820    Ed. L’harmattan    420 p.    29€

2 commentaires

  1. Cher Lee Ham, je trouve votre analyse de mon livre « AU BAL DES PENDUS » d’une remarquable exactitude concernant mon écriture d’inspiration musicale et le voyage orchestrée que je propose dans mon récit du XXe siècle. Oui, j’ai voulu écrire un roman qui soit une symphonie où chaque instrument se fasse entendre ! Que le chaos et l’harmonie s’expriment comme chez Mahler ! Que le tourbillon des événements tragiques ressemblent à celui d’un opéra italien ! Que les lignes soient des portées où les masses orchestrales qui écrasent parfois les personnages puissent aussi les rendre grandioses ! J’ai voulu marier l’épopée antique avec le dodécaphonisme des guerres contemporaines ! Si les journalises soi-disant spécialistes savaient lire et écrire comme vous, ce serait un miracle ! Ce que vous ne savez pas, c’est que « Au bal des pendus » est le premier tome d’une suite dont j’ai écrit le 2e et 3e tomes ! J’espère pouvoir les publier bientôt et vous les offrir ! Merci de me redonner la foi dans ce travail si exigeant et le courage de le poursuivre !

    Georges Boukoff

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    1. Cher Georges, je suis très touchée de vos mots. J’en ai les larmes aux yeux. Maintenant, je sais que je ne me suis pas fourvoyée. Je l’ai pensé au vu des autres chroniques. Mais, j’avais foi en mes tripes de lectrice. je vous remercie d’avoir apprécié ma chronique. J’ai souhaité une suite et vous me le confirmez. C’est avec impatience que j’attends les deux autres tomes. Merci pour vos mots. Pour la musicalité de vos mots (j’y suis très sensible). C’est un très beau roman qui ne m’a pas laissée indifférente.
      Au plaisir de vous lire à nouveau
      Lee Ham

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