Et ta main fermera mes yeux… – Jean MINIAC – 2013 – Ed. Fondencre

Quatrième de couverture

Poète et organiste, Jean Miniac se glisse dans la peau de Jean-Sébastien Bach. Il imagine un journal rédigé par le compositeur vers la fin de sa vie. Son ambition : parler de Bach autrement. Pari plus que réussi car la lecture de cette composition originale nous permet d’approcher le musicien, bien sûr, mais aussi le fils, l’époux, le père, l’être social, le promeneur, le religieux… bref toutes les facettes de celui qui reste l’un des plus grands génies de l’histoire de l’humanité.

Mon Avis

Jean-Sébastien Bach. Qui ne le connaît pas ? Un homme qui vit musique. Respire musique. La nature est sa muse. Chaque moment est une note de musique. C’est un homme qui se questionne. Sur lui. Sur la musique, en général. L’auteur du Magnificat, musique baroque, se raconte dans un journal. Tout le monde connaît son histoire, me direz vous. Par le biais de l’auteur, le musicien va se raconter. A sa façon. Qui mieux que Bach pourrait parler de lui-même? Autour de lui, le monde est musique. C’est, du moins, ce qu’il ressent. Il réfléchit au moment avant la création. Avant que l’inspiration ne vienne à lui. Comment un luthérien a t-il pu devenir un si grand compositeur qui a traversé les siècles?

Jean-Sébastien Bach a la musique qui vibre dans chaque partie de son corps. Composer sa musique, touche par touche, en projetant la transformation d’une feuille, d’un bruit, est un art. Les mots sont poésie, musique, pour mieux nous expliquer la vie. Le bruit. La nature. L’humain. La religion transpire dans ses notes. Le livre est si bien écrit que l’auteur laisse la place au compositeur. Le lecteur est pris dans cette histoire et finit par être persuadé de lire les mémoires du musicien. Malgré son esprit qui s’évade, il reste prisonnier de son corps, en devers de lui. Sa vie est un kaléidoscope de bons et de mauvais moments qu’il retransmet scrupuleusement dans sa musique. Comment retranscrire, tels quels, tous les instants intenses d’une vie?

Avec l’âge, viennent les questions. Les doutes. Les souvenirs. Jean-Sébastien Bach, comme tout le monde, doit vivre avec un corps qui le limite de plus en plus dans la vie. L’auteur nous fait vivre intensément les pensées du musicien. Sa vie privée. Ses moments de grande force. De grande faiblesse. Comment peut-on entrer aussi profondément dans les pensées d’un homme? Comment peut-on imaginer aussi intensément son intimité avec la musique? L’auteur réussit tout doucement à s’effacer pour laisser la place, les mots, à Jean-Sébastien Bach. C’est ce qui fait la force des mots. La force de ce livre. L’intensité de ce récit. C’est une plume modeste, intimiste, pudique, qui nous raconte, plutôt, qui invite Bach à nous murmurer son histoire, son amour obsessionnel de la musique. A nous réciter ses poèmes. À nous fredonner ses musiques. Sublime.

97829533343395   Ed. Fondencre Coll. Ecrits sur l’art   104 p.   16€

Laisser un commentaire