Ce bel été 1964 – Pierre FILOCHE – 2020 – Serge Safran Editeur

Quatrième de couverture

Paul Esnault prend le train pour se rendre à des obsèques dans la petite ville de Lahaye, en Touraine, où il passait les  vacances d’été chez ses grands-parents. Notamment l’été 1964, le dernier. Ce fut pour lui l’été des initiations amoureuses, de la télévision dans le foyer, entouré d’une grand-mère devineresse, d’un grand-père spécialiste en appareils ménagers, d’un oncle, Dédé, ancien d’Algérie et… de la sulfureuse Marie-Claire, la femme de Bertrand, un autre oncle. Dans cette vie de famille provinciale, apparemment tranquille, il y a tout de même des morts suspectes aux yeux de l’adolescent. Ainsi que des choses qui ne se font pas. Surtout, derrière le mur de la cour, on pouvait entendre le piano de Charlotte Versini… Toute la tendresse, nostalgie et libération des années soixante !

Chronique

Qui se souvient de ses dernières vacances ? Celles de son enfance ? Ce moment où l’être humain quitte son monde de l’enfance pour naviguer difficilement vers le monde des adultes. En 1964, Paul est en vacances dans sa famille. C’est la dernière fois que plusieurs générations se retrouvent dans la maison familiale. C’est l’été et la chaleur est étouffante. Tout le monde sait que la chaleur fait tourner les têtes. Et pousse, peut-être, à distiller la mort discrètement. Elucubrations ou faits réels? Dans une ville provinciale en Touraine, le soleil semble avoir un impact différent sur chaque personne de cette famille. Sur leurs voisins. Pendant que le monde est bouleversé par la sauvagerie humaine, en Touraine, la ville se décante en amour, trahisons et modernité.

Le tableau qui s’offre au lecteur, semble paisible jusqu’au détour d’une ligne, d’une phrase. Et il se rend compte que tout n’est pas qu’apparences. A travers le récit et le regard de Paul, un vaudeville tourangeau se déroule. Le lecteur entre à pas étouffés dans cette vie familiale que les mots décrivent normalement. L’adolescent qu’est Paul jette un regard d’abord hésitant, puis acéré sur les membres de sa famille, sur lui, sur son entourage. A chaque page, la chrysalide se transforme lentement, mais sûrement en papillon. Un papillon qui quittera son cocon sans un regard en arrière. Un papillon ivre de liberté.

En 1964, dans un village de Touraine, les vacances seront celles de la découverte. Celles des certitudes avortées. Celles des soupçons car la mort s’est un peu invitée dans cette famille. Morts naturels ou aidés? Les vacances des apparences qui se briseront sur les mots naïfs, forts, vifs d’un homme en devenir. Paul verra son monde d’adolescent le pousser à grandir. A entrer  de plein pied dans le monde curieux de l’adulte. L’auteur fera voyager le lecteur. Il le fera vibrer au son des cigales, des cours de piano de Charlotte, la voisine. L’auteur va ferrer l’attention du lecteur qui découvrira, au fil des chapitres, le dernier été d’une famille qui distillera ses faiblesses goutte par goutte. Des faiblesses issues d’un grand amour de l’autre. Et leur monde ne sera plus jamais le même.

Note 17/20

9791097594534    Serge Safran Editeur    192p.     17,90€

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