La concubine des montagnes – Luan RAMA & Eloïse LE PETIT – 2022 – Fauves Ed.

Quatrième de couverture

Sur la route qui ramène Dalia dans son village, les souvenirs refont surface. Le fleuve, les champs de blé, sa vie de jeune femme, la mort de son mari et le choix, terrible: quitter la maison familiale et abandonner son fils, ou épouser le frère de son défunt mari. Dans le silence des montagnes, la voix de Dalia s’élève et livre le récit d’une vie où la loi du Kanun rythme inexorablement le destin des femmes. Et Nadia, la femme de son petit- fils, l’écoute, fascinée par ce monde de traditions que la modernité est en train d’engloutir. Luan Rama tisse avec délicatesse les fils d’un monde aujourd’hui disparu pour faire revivre les coutumes et les mythes des montagnes albanaises.

Mon Avis

Incroyable! Quelle lecture! Les mots me manquent pour parler d’une si belle histoire. Une belle histoire d’amour. Un amour à trois. Vécu aux yeux du monde. Sans filtre. En toute sincérité. Une ancienne tradition albanaise qui disparaît peu à peu face au monde moderne. Un amour noué dans la douleur. Le Kanun le voulait ainsi. Comment un si grand chagrin peut-il donner le jour à un bel amour sans faille ? A l’époque, la tradition réglait la vie des gens. Et les femmes n’avaient pas droit à la parole. Elles se soumettaient. Tout simplement. Cela vous rappelle t-il qu’il quelque chose? Le Kanun, loi tradition, avait droit de vie et de mort sur la femme. Sur son destin. Imposant le lévirat.

Dalia retourne des années plus tard pour voir la tombe de la femme de son mari. De sa meilleure amie qui a partagé sa vie. Elles ont partagé bonheurs et malheurs, rire et larmes. Secrets. Le même amour pour un homme que leur qui leur fait partager le Kanun. Les mots sont terriblement forts. Tendrement durs. D’une grande pudeur. Ils dépeignent une vie en dentelle. Une vie de beauté. D’une dureté sans nom. Une vie de montagnard. Dur, faite de labeur, de deuils, de naissances. Deux femmes ont partagé ces moments. Deux femmes que de Kanun a forcé à vivre ensemble. Bon an. Mal an. La lecture est très prenante tant cette histoire respire la joie, la beauté, le bonheur, les terribles détresses que seules peuvent connaître les femmes des montagnes.

Le Kanun a parlé. Il a décidé. Dalia doit choisir: rester avec son fils ou partir. Son époux n’est plus. Sa belle-sœur, Mara, prie pour qu’elle fasse le bon choix pour toutes les deux. Alors, commence une vie pudiquement sensuelle. Une histoire fortement douce, faite de remords, d’amour et de souffrance. L’auteur nous fait découvrir une tradition albanaise perdue au fond du temps. Perdue au fond des traditions devenues obsolètes. La lecture se fait d’une traite tant l’histoire est belle et forte. Le lecteur se laisse emporter par le récit très vivant. La vie de montagnards. Une vie rude avec ses moments de bonheur, malgré une tradition, dure et misogyne.

9791030204025    Fauves Ed. Coll. Littérature des Balkans   138 p.   15€

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